
UNE BALADE PAS ORDINAIRE
LA Race Across The Alps (course a travers les Alpes)
Exploit de Pascal LACARIN de l’U-C-GANNAT pour une rando hors du commun. Si l’ultra-distance est encore peu reconnue en France, elle est en revanche considérée comme discipline à part entière en Autriche.
Il fait frais et humide en cette fin de mois de juin à Nauders, petite station de ski autrichienne située à 5km de la frontière italienne et 15km de la suisse. Une épreuve hors norme va s’y dérouler, la Race Across The Alps (RATA). Le but est de boucler, en une seule étape 540km de haute montagne à travers les alpes italiennes, suisses et autrichiennes avec 13 600m de dénivelée via 13 cols dont 3 à plus de 2 500m et 4 à plus de 2 000m d’altitude. Elle est à juste titre considérée comme l’épreuve d’un jour la plus dure au monde.
Le 19 juin l’effervescence règne au centre du village, les 50 concurrents sont présentés tour à tour sur le podium parmi eux 4 français dont 3 auvergnats Jean-Paul BRIOT, Patricia BERTHELIER et Pascal LACARIN de U-C-GANNAT. Derniers petits préparatifs auprès de l’assistance avant le départ, pour oublier la tension qui monte peu à peu. Par mesure de sécurité, l’organisation demande à chaque coureur d’avoir sa propre voiture d’assistance. Trois personnes sont requises pour prépare les bidons, le ravitaillement, les vêtements et l’éclairage de nuit, protection appréciable. A midi la voiture de l’organisation s’élance vers le col de Reschen, ouvrant la route jusqu’au départ réel, au pied du Stelvio col des plus haut d’Europe. Pas de fanfaronnade dans le peloton, on reste humble devant la difficulté de l’épreuve. Les festivités sont lancées au pied du Stelvio avec ses 48 lacets pour se hisser à 2 757m, une bonne mise en bouche. A mi-pente, la vue des lacets qui s’empilent comme des assiettes est saisissante. Une longue descente conduit jusqu’à Bormio puis il faut enchaîner avec le col du Gavia, à 2 652m. Si le soleil est de mise en bas, les derniers kilomètres se font avec la neige, le vent et le froid. Imper, gants… il faut s’équiper pour la descente, les calories brûlées pour lutter contre le froid sont de l’énergie perdue pour la suite. La descente du Gavia est très impressionnante, aussi bien sur le vélo qu’en voiture, une route étroite, pentue et sinueuse avec un beau vide sans rambarde de protection.
La neige tourne vite à la pluie et le temps sec revient dans la descente, le sommet suivant l’Aprica, à1 176m, relève d’un dos d’âne dans la région ! La suite est sévère avec le Mortirolo, col tant redouté des coureurs du tour d’Italie. Ce ne sont ni son altitude (1 846m), ni sa longueur (10km) qui en font une véritable galère, mais sa pente 1 300m de dénivelée à franchir en 10km, des longues portions entre 12 et 18% !
A la nuit tombante, le col de Bernina est un gros morceau 32km d’ascension et 1 910m de dénivelée. Au sommet, c’est l’hiver tempête de neige et vent glacial ! On s’arrête prendre les équipements de circonstance. Beaucoup y laissent des forces physiques et mentales et abandonnent ici ou un peu plus loin. La descente est rapide, ns retrouvons le sec et très vite l’Albula se profile dans la nuit bien avancé, on aperçoit les giro des voitures d’assistance illuminé la monté comme une guirlande électrique un soir de noël. La montée est courte mais la pente reste de rigueur 8 à 10% sur la première partie pour se retrouver à 2 300m froid et vent toujours au rendez-vous. La descente se fait dans le brouillard, une longue transition nous mène au pied du col de Fluela (2 400m), les montagnes se dessinent aux premières lueurs de la journée tout revit peu à peu. L’Ofen se fait sous les premiers rayons de soleil, 22 km à petite allure pour se refaire une santé et profiter des paysages magnifiques, il reste encore de la route et du dénivelé. Photos et casse-croute pour l’assistance, c’est un drôle de marathon, et les moments de répit sont toujours bon à prendre. Une petite descente mène à Santa-Maria, le soleil radieux recharge les accus et il va falloir toute l’énergie restante pour affronter l’Umbrail (direct 12%) Autre voie pour accéder au Stelvio col qui achève : 14km entre 8 et 12% avec 2 km non goudronnés au milieu. Les premiers kilomètres permettent de profiter du joli point de vue sur la vallée, puis ce ne sont que montagnes. Les jambes sont lourdes, le style est moins aérien, le mental joue plus que les forces physiques et tous les moyens sont bons pour encourager Pascal, musique crachée par le haut-parleur, et il reste 2 km pour accéder au Stelvio avec un bon passage à 14% ! Le Reschen est l’ultime obstacle avant de basculer sur Nauders. Le vent de face nécessite de puiser dans les dernières ressources et enfin la descente s’amorce pour arriver à 15h50, périple accomplit en 27h50. Seulement 32 coureurs finiront et Pascal terminera 13ème (premier français) sachant que les premiers sont des professionnels de la discipline.

|