
PARIS BREST PARIS 2011
"C'est un exploit sportif accessible à tout le monde, pour peu qu'on ait de l’entraînement,
C'est une épreuve d'endurance, où il faut parfois aller chercher très loin au fond de soi-même." M. Saburel

Arrivée à St Quentin-en -Yvelines le dimanche 21 août en fin de matinée avec Ester ma femme et Audrey
ma fille qui ont bien voulu rester avec moi jusqu’au départ. Cette fois, je pars seul contrairement aux deux
autres participations.(2003 avec Richard,2007 avec Patrick) Après le contrôle du vélo, éclairage, freins,
sacoches, le retrait des documents, du maillot et de la puce qu’il me faudra mettre à la cheville, il est l’heure
du déjeuner. Restaurant Italien avec au menu : des pâtes !


Retour au gymnase où nous attendons le départ de « 80h » à l’ombre en regardant les animations
proposées par l’organisation et le manège des cyclos qui passent et repassent devant nous : vélos
spéciaux, couchés,carainés, tricycles, tandems et même un tricycle où le gars est à genoux et pédale
avec les mains !

Patrick et Pascal sont en première ligne sous la banderole de départ. Il y a aussi Jean Paul et Gérard.


Michel (Veloban), notre compagnon de brevets, avec Patrick, part dans le deuxième groupe.
On n’attendra pas le départ de Bernard, autre compagnon de brevets, qui lui part à 20h pour 90h.
Pour moi, le départ n’est que le 22 Aout à 5h. A 17h, direction l’hôtel. Après un passage chez Léon
de Bruxelles, il est l’heure de dormir. 3h30 : le réveil sonne ! Petit déjeuner et on file au départ.

Pas de bol : en descendant le vélo de la voiture la roue arrière est à plat. Faut changer la chambre. Ca va
me faire partir dans le dernier groupe. N’ayant pas crevé lors des autres participations, je n’avais prévu
qu’une chambre de rechange. Donc je n’ai plus le droit de crever jusqu’à Mortagne.
J’ai quand même quelques rustines avec moi. 5h le premier groupe part.
Apres tamponnage et passage sur le tapis (qui bipe la puce), j’embrasse Ester et Audrey. 5h18:
c’est parti ! Je trouve le départ moins rapide que les autres fois, l’allure est pépère. Des groupes
se forment et se déforment.
Je retrouve mes deux collègues de Blanzat, Robert et Christian. Un bout de route ensemble puis on se perd.
Mortagne au Perche : pas de pointage à l’aller. Christian et Robert sont là avec leurs épouses .Elles me donnent
un numéro de portable, au cas où. Apres un bon ravito, le remplissage des bidons et l’achat d’une chambre à air,
je repars. Le ciel commence à s’assombrir, éclairs, coups de tonnerre et c’est l’orage qui s’abat sur nous.
Pas question de s’arrêter ! Mouillé pour mouillé…A 14h23 -222km, je pointe à VILLAINES LA JUHEL.

Accueil en musique et bien sûr…sous l’orage. Il y 4 ans, le speakeur nous avait dit « sous un ciel aussi pourri
que celui-ci, la prochaine fois il y aura du soleil ! » Il nous dit que ça n’allait pas durer...Trempé jusqu’aux os,
je vais me restaurer et je remonte sur le vélo…et toujours ce ciel menaçant.

Orages et éclaircies se succèdent. A un carrefour, tellement il fait sombre, les organisateurs arrêtent les
cyclos qui n’ont pas mis leur baudrier et allumé l’éclairage. FOUGERES 19h06 -310km. J’ai un peu
séché, j’en profite pour changer mon cuissard - une couture me blesse à la fesse gauche. Un petit
ravito et je continue mon chemin, pas le temps de trop trainer, j’ai l’impression qu’il n y a pas grand
monde derrière moi. Toujours les orages et ces coups de tonnerre Je suis même obligé de m’arrêter
sous un abri bus tellement la pluie est forte et que je n’y vois plus rien. Sous la pluie avec les lunettes,
ce n’est pas top !
Arrivée à TINTENIAC 21h42- 364km. Les parkings à vélos sont remplis, je peine à trouver une place
pour le mien. Une haie d’honneur m’attend. Ce n’est pas pour ma pomme : les premiers sont annoncés
Je trouve dans cette haie Jean-François et Dominique, l’assistance de Pascal. Il sera là d’ici une heure.
Ils me disent que Pascal est dans le groupe de tête, que tout va bien. Ils me demandent comment je me
sens. Pour le moment à part les orages, pas de problèmes. Je n’ai pas le temps d’attendre, je vais me
restaurer .Dans la salle de restaurant, je retrouve Robert et Christian qui en ont marre de la flotte : « on
va dormir un peu et si, au réveil le temps est aussi pourri, on arrête ici ! ». Moi, j’ai décidé de dormir à
Loudéac. Il est 22h bien passé, je file.
Peu de monde sur la route, je roule seul. Je croise de plus en plus de cyclos qui sont sur le chemin du
retour. Quelle chance (si je peux dire) : ma roue avant se dégonfle. Crevaison juste sous un lampadaire.
La réparation est vite faite mais je n’ai plus de chambre à air ni de cartouche de CO2. Loudéac n est
pas très loin et la pluie refait son apparition.
Arrivée à Loudéac, il est déjà mardi 22 août, 03h06 -450km. Un petit casse-croute et au lit pour 3h !
Il me faut poser mes affaires mouillées et prendre des sèches pour dormir, on est quand même mieux
…A 6h30 : « Monsieur, il est l’heure ! ». Bien sûr, en 3h mes vêtements n’ont pas séché ! Je remets
donc mes affaires mouillées. Pas chaud au début puis le corps se réhabitue. Un bon petit déjeuner et
c’est reparti non sans avoir acheté chambres à air et une cartouche de CO2.
Le jour ne tarde pas à se lever, les orages ont disparu, le soleil revient timidement. Je croise toujours des
vélos qui rentrent sur Paris. Je regarde si je ne vois pas de connaissance. Si ! C’est Patrick qui revient
de Brest où il a dormi par terre…plus de place dans les dortoirs ! On aurait bien discuté plus
longtemps mais il nous faut continuer. Jusque là, physiquement, je n’ai aucun problème mais ça va pas
durer… Peu avant Carhaix, mon genou gauche se met à me faire mal : tendinite. Même douleur - mais
au genou droit - qu’en juin à Amboise.
Arrivée à CARHAIX 10H53-526km, je décide de voir un médecin qui diagnostique une tendinite.
J’ai des anti-inflammatoires et de la percutalgine (merci les Bernard).
Je ne sais que faire ???? Abandonner ? Aller à Brest ? Faire demi-tour ? Téléphoner aux épouses de
mes collègues ? Tant pis ! Ca passe ou ça casse : je vais à Brest, je suis là pour ça ! La douleur
disparait au fil des kilomètres. J’évite de trop forcer dans les côtes. Dans la montée du Roc Trézel,
mon genou se réveille, anti-inflammatoires et je repars, la douleur se calme. Arrivée interminable à
Brest, on nous fait faire le tour de la ville, pas un vélo...Je me demande si je ne suis pas perdu.
BREST 16h 37 -619km. « Dépêchez-vous si vous si vous voulez manger, il ne reste plus grand-chose
au self et il va fermer ! Il ne reste que 200 cyclos derrière vous », nous dit un bénévole. Je me savais
derrière mais pas à ce point. Il est vrai que mon genou m’a beaucoup retardé. J’ai donc mangé les
restes et assisté à la fermeture du self, les retardataires devront se débrouiller s’ils veulent manger.
Je repars, j’avais oublié mon genou ! Il s’est réveillé dans la montée de Landerneau jusqu’au pied de
Roc Trézel. La douleur m’empêchait de pédaler, je n’avançais plus. Le peu de cyclos qui étaient
derrière moi me doublait, je n’étais pas bien et Carhaix était encore loin…Sous l’effet des
anti-inflammatoires et de la percutalgine, la douleur disparaît mais l’estomac, lui, n’apprécie guère.
Je pensais, le matin en partant de Loudéac, y revenir dormir. Je ne pourrai pas : j’ai pris trop de
retard et il va falloir dormir à Carhaix. Je passe au Roc Trézel vers 20h. Le temps se rafraîchit.
Dans la descente, mon ami Marc Balayer est venu à ma rencontre et m’accompagne quelques kilomètres.
Moment agréable…ça fait plaisir de trouver ici une connaissance.
Sur la route, pas trop de cyclos. J’en croise encore qui vont à Brest. Ils sont déjà hors délais. Moi, je me
pose des questions : je suis très en retard mais tant pis il faut que je me repose à CARHAIX
22h23 – 704km. Après 3 bonnes heures de sommeil, je repars dans la nuit.

Je m’arrête prendre un café dans le garage de ce riverain qui propose même des couchages.
Le long du parcours, il n’est pas rare que les gens vous proposent boissons, gâteaux, crêpes…
On discute 5 minutes et je repars.

Mon genou me fout la paix mais ce sont les fesses qui vont prendre le relais ! Je ne sais plus comment
m’asseoir pour éviter la douleur et le Cetavlon n’y fait rien… encore 400km.

Au carrefour, je pars à gauche. Bizarre ! Personne ne me double et je ne rattrape personne. Demi-tour,
je me suis trompé au carrefour. Là, je retrouve des lumières. Fallait tourner à droite, 10km de plus.
LOUDEAC Mercredi 07H36-783km. Je décide de m’acheter un cuissard pour soulager mes fesses.
Une bonne douche et me voilà reparti. Le cuissard est un peu grand pour moi mais tant pis, ça soulage
un peu tout de même. Plus grand-chose à faire, serrer les dents et arriver à Guyancourt.
TINTENIAC 12H06 – 868km. Juste le temps de pointer, un petit casse-croute et je repars .Je
commence à rattraper des cyclos qui comme moi sont fatigués. Je trouve cette étape interminable.
Je reste dans un groupe, l’allure me convient

La nuit tombe peu avant VILLAINES LA JUHEL 21h17 - 1010km. Pas très faim mais il faut
manger, il va me falloir passer la nuit sur le vélo si je veux arriver à l’heure.
Il y a de plus en plus de cyclos, le parking est bien rempli. Je reprends courage, je ne dois plus être
dans les 200 derniers. La nuit est noire et humide, l’allure baisse avec la fatigue. Enfin, les lueurs
de Mortagne .Une dernière côte que j’ai montée l’an dernier pour le brevet de 1000. Il faisait jour.
MORTAGNE AU PERCHE jeudi 25 Aout 03h20 1091km. Il me faut dormir, 1h fera l’affaire.
Puis départ pour Dreux, dernière étape.
La nuit est toujours fraîche et il y a de plus en plus de cyclos. Je ne sens plus mes fesses, je me suis
habitué à la douleur. Au petit matin, à quelques kilomètres de Dreux, un petit village où la boulangerie
est prise d’assaut : flans, croissant, éclairs…par des cyclos affamés et fatigués par cette dernière nuit.
DREUX 9H01 – 1166km. Un bon petit déjeuner, excellents les pains aux raisins : j’ai dû en manger 5 ! et en compagnie d’une charmante Américaine. Je n’ai rien compris à ce qu’elle me disait. Je téléphone à Patrick - qui en a terminé depuis la veille - pour lui dire que j arriverai vers 13h. Départ pour St Quentin. Le temps est clément, je pose les manchettes et les jambières pour finir. Je n’ai plus mal aux fesses ni ailleurs, il n y a plus qu’a une chose qui compte, c’est La Planche. « La Planche ». Il s'agit d'une planche en bois qui est placée à l'arrivée afin de passer facilement sur le trottoir pour accéder au gymnase où a lieu le contrôle final. C'est l'ultime difficulté, c'est devenu un symbole.
A la sortie de Dreux, je rencontre Sophie. Un petit bonjour et je file.
La Forêt de Rambouillet avec ses côtes fait mal aux jambes sur cette fin de parcours. Mais, si près
du but, on serre les dents et ça passe. Les derniers feux, le rond des saules. « La Planche » est là !
Patrick m’attend. Je laisse échapper quelques larmes en lui disant que j’en ai vraiment bavé et que
je suis heureux d’avoir relevé le défi pour la troisième fois. ST QUENTIN EN YVELINES
13h08 – 1230km 79h h 59…
Merci a tout les bénévoles sans eux rien ne serrait possible
Les bénévoles font partie intégrante de l'organisation du Paris-Brest-Paris : ils sont toujours le premier
soutien des randonneurs, au départ comme sur l'ensemble du parcours. Pour accueillir plus de 5 000
participants, 2 000 bénévoles sont indispensables afin d'assurer le contrôle et la sécurité de la randonnée.
Des 3 PBP que j’ai fait, c’est bien celui-ci le plus éprouvant. Pourquoi ? Les orages ? La préparation ?
Je n’ai pourtant jamais eu mal aux jambes. Les 4 ans de plus ? Le fait d être parti dans le dernier groupe ?
La tendinite ? Le mal de fesses ? Le manque de sommeil ? Un peu de tout cela sûrement…je suis quand
même heureux d’avoir terminé dans les délais et satisfait de ma performance.
J’ai pensé abandonner du coté de BREST tellement mon genou me faisait mal. J’ai pensé à tous mes amis,
collègues de travail, cyclos du club, voisins, membres de ma famille et tous les autres qui m’ont envoyé
des messages d’encouragement et qui me suivaient sur internet. Je ne pouvais pas les décevoir et devais
aller au bout du périple.
Ce fut dur, très dur par moments. Après l’arrivée, je disais que ce serait le dernier. Mais quand on regarde
les photos et les vidéos de l’épreuve, on a envie de revivre ces moments là, même dans la souffrance. On
parle toujours trop vite. Dans quatre ans je serai certes plus vieux, mais, avec l’expérience et une bonne
préparation…pourquoi pas ?
Chapeau à Pascal : un peu plus de 45h ! Bravo à Patrick qui finit dans les 73 h. Bravo à Michel 63h et
Bernard 88h
ALAIN GAUVIN UNION CYCLOTOURISTE GANNATOISE
Contrôle |
|
|
date |
heure |
Cumul |
Intermédiaire |
SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES |
|
|
22/08/2011 05:18 |
05:18 |
0h00 |
0 km/h |
0h00 |
0.1 km/h |
MORTAGNE-AU-PERCHE |
140 |
140 |
PAS DE CONTRÔLE |
|
|
|
|
|
VILLAINES-LA-JUHEL |
222 |
82 |
22/08/2011 14:23 |
14:23 |
9h04 |
24.4 km/h |
9h04 |
24.4 km/h |
FOUGERES |
310,9 |
88,9 |
22/08/2011 19:06 |
19:06 |
13h47 |
22.5 km/h |
4h42 |
18.9 km/h |
TINTENIAC |
364,8 |
53,9 |
22/08/2011 21:41 |
21:41 |
16h22 |
22.2 km/h |
2h35 |
20.8 km/h |
LOUDEAC |
450 |
85,2 |
23/08/2011 03:06 |
03:06 |
21h47 |
20.6 km/h |
5h25 |
15.7 km/h |
CARHAIX-PLOUGUER |
526,2 |
76,2 |
23/08/2011 10:53 |
10:53 |
29h34 |
17.8 km/h |
7h46 |
9.8 km/h |
BREST |
619,1 |
92,9 |
23/08/2011 16:37 |
16:37 |
35h18 |
17.5 km/h |
5h44 |
16.2 km/h |
CARHAIX-PLOUGUER |
704 |
84,9 |
23/08/2011 22:23 |
22:23 |
41h04 |
17.1 km/h |
5h45 |
14.8 km/h |
LOUDEAC |
783,2 |
79,2 |
24/08/2011 07:36 |
07:36 |
50h17 |
15.6 km/h |
9h12 |
8.6 km/h |
TINTENIAC |
868,4 |
85,2 |
24/08/2011 12:06 |
12:06 |
54h47 |
15.8 km/h |
4h29 |
18.9 km/h |
FOUGERES |
922 |
53,6 |
24/08/2011 15:19 |
15:19 |
58h00 |
15.9 km/h |
3h13 |
16.7 km/h |
VILLAINES-LA-JUHEL |
1010,5 |
88,5 |
24/08/2011 21:17 |
21:17 |
63h58 |
15.8 km/h |
5h57 |
14.8 km/h |
MORTAGNE-AU-PERCHE |
1091,5 |
81 |
25/08/2011 03:20 |
03:20 |
70h01 |
15.6 km/h |
6h02 |
13.4 km/h |
DREUX |
1166,8 |
75,3 |
25/08/2011 09:01 |
09:01 |
75h43 |
15.4 km/h |
5h41 |
13.2 km/h |
SAINT-QUENTIN-EN-YVELINES |
1230 |
63,2 |
25/08/2011 13:08 |
13:08 |
79h49 |
15.4 km/h |
4h06 |
15.8 km/h |
Kilomètres parcourus: 1230 |
|